L'histoire de l'église

Construite dans les années 1920, l’église Saint-Louis de Vincennes est née de l’audace des jeunes architectes Jacques Droz et Joseph Marrast qui choisirent d’utiliser le matériau nouveau en architecture que représentait le béton armé, pour concevoir un espace dédié au culte dégagé des traditionnels murs et piliers. Deux paires d’arc se croisent ainsi à angle droit ouvrant un seul et large espace. L’église porte témoignage du renouveau de l’art sacré de l’entre-deux-guerres. Classée Monument Historique, elle est une des rares églises Art Déco en France qui contient une profusion d’œuvres d’artistes de premier plan.

Fresques de Maurice Denis et d’Henri Marret, céramiques de Maurice Dhomme, ferronneries de Raymond Subes, sculptures de Carlo Sarrabezzoles et Armand Boutrolle, verrières mariant le béton et le verre, autant d’œuvres uniques récemment complétée par un orgue de Denis Lacorre. Au bord des territoires de Vincennes et de Saint-Mandé, l’église appartient au Diocèse de Créteil.

Témoignage de Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques

« Saint-Louis de Vincennes a été portée par l’intuition dès avant la première guerre mondiale qu’il fallait de nouvelles églises résolument contemporaines. Elles matérialisent des rêves d’architectes et d’artistes qui -ensemble- comme architecte, céramistes, peintres de peintures murales, maîtres verriers…créent des édifices uniques, des œuvres totales. Les architectes Droz et Marrast se sont inspirés paradoxalement des formes les plus fondatrices de l’architecture chrétienne, comme le plan centré avec une église très compacte, très dense, d’un seul volume et un plan en croix grecque. Saint-Louis de Vincennes est finalement l’un des grands laboratoires de la modernité, un lieu exceptionnel et unique, rassemblant une collection d’arts absolument remarquables. Le diocèse de Créteil a très justement, décidé d’engager une importante restauration en nous confiant cette responsabilité dans la continuité de ce grand projet fondateur des années vingt, celui d’une œuvre globale. Notre enthousiasme tient à ce que nous voulons aller jusqu’au bout de ce projet exceptionnel en nous glissant avec respect dans la succession de cette belle conception en regardant avec humilité la main de l’architecte, celle du peintre, celle du maître verrier. »

Pierre-Antoine Gatier, ACMH, fondateur de l’agence Pierre-Antoine Gatier

Editorial de Mgr Blanchet, évêque de Créteil

L’important travail de restauration de l’église Saint-Louis, située aux limites de Vincennes, Saint-Mandé, Montreuil et Paris a repris. Nous pouvons tous nous en réjouir. Monument historique et écrin d’une multitude d’œuvres des années 1920, elle est aussi le lieu de rassemblement d’une communauté paroissiale vivante et ouverte. En lui redonnant son éclat d’origine, notre grand désir est d’offrir à nos contemporains un lieu de ressourcement et de contemplation de la beauté, un havre dans l’agitation de la ville. Que tous s’y sentent bienvenus, qu’on y entre pour la première fois ou qu’on soit un habitué, qu’on vienne s’y recueillir ou admirer son architecture et son décor. Nous avons besoin de votre soutien pour conduire ce chantier, et je vous en remercie. Ensemble, inscrivons-nous dans les pas des architectes, des artistes et des donateurs de l’époque, qui ont voulu cette église, et transmettons aux générations qui viennent ce patrimoine artistique et spirituel unique.

Témoignage du Père Arnaud Bonnassies

D’emblée le lieu où a été érigée l’église St Louis de Vincennes au carrefour de 4 communes : Paris, Montreuil, St Mandé, Vincennes a réjoui mon cœur de pasteur.

En entrant dans l’église, le regard embrasse l’ensemble de l’espace comme un accueil large de Dieu pour chacun. Le visage grave du Christ au centre de l’arc principal domine les célébrations et invite au recueillement. La singularité du plan centré, le bois apparent des charpentes, les tons pastel filtrés par les hautes verrières, dégagent pour les fidèles une atmosphère paisible. Fresque, céramique et ferronnerie remises à l’honneur sous des formes Art déco et mariées au béton armé : une audace artistique qui inspire un renouveau de l’Église qui marque notre paroisse. Ces magnifiques trésors embellissent notre vie sacramentelle !

La Parole de Dieu nous rappelle que : « si eux se taisent, les pierres crieront » Luc 19,40. Dans l’Église Saint-Louis de Vincennes, elles crient de joie aux fêtes et dimanches, et le feront pleinement après la restauration tant attendue !

Témoignage de Paul Guillaumat

J’ai emménagé à Vincennes, dans le quartier Ouest, il y a plus de quarante ans et suis ainsi devenu paroissien de Saint-Louis.

Cette église massive, rugueuse sous son habit de meulières noircies par la pollution, avec sa nef sombre, n’attirait pas beaucoup le regard et pouvait même rebuter le passant.

Au fil des années, j’ai commencé à apprécier la paix qui se dégageait de l’édifice, et à découvrir, puis aimer son décor.

Sous sa gangue un peu grossière, l’œil, une fois accoutumé à la pénombre de la nef, découvre avec enchantement l’éclat glorieux des céramiques de Dhomme, la tension dramatique du Chemin de croix de Marret et le tendre sourire de la Vierge de Boutrolle.

Le classement de Saint-Louis de Vincennes par les Monuments historiques en 1996 m’a incité à mieux regarder cette église, et à en étudier la conception et la construction.

Pour mieux faire connaître l’église et partager avec les visiteurs ces émotions, je me suis lancé dans la rédaction d’une brochure, puis, plus tard, d’un livre écrit avec Claude de Martel pour retracer le contexte et l’aventure de sa construction entre 1914 et 1924.

J’aime à faire découvrir au visiteur l’audace et la maîtrise de ses architectes, la subtilité de ses décors, et l’unité que ses concepteurs ont réussi à lui conserver depuis bientôt cent ans.

Les campagnes de travaux, dont la restauration actuellement en cours, sont aussi pour moi l’occasion de découvrir l’autre aventure humaine qu’est un grand chantier mené par des professionnels passionnés.

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